Pastorale des jeunes… et des adultes

Lorsqu’on me demande, face à la désertion par les jeunes des assemblées paroissiales : « où sont les jeunes? », j’aurais tendance à répondre : « là où il y a des adultes ! »

Nos églises locales vivent la même crise que celle de la société : nous sommes passés de la tradition à la délégation, de la transmission à la prestation de service. Comme au sein de la république française, des associations, des syndicats, l’Eglise n’échappe pas à cette mentalité consumériste, où les devoirs s’effacent devant les droits. Cette mentalité pose l’Eglise comme une institution prestataire de services spirituels et culturels, dans laquelle la foi est reléguée au rang de conviction religieuse ou de spiritualité parmi d’autres.

Tout repose sur les adultes

Si l’on consent à cette vision de l’Eglise, alors nous renonçons à ce qu’elle est en réalité : le lieu de la rencontre avec le Christ au travers de chacun de ceux qui portent le nom de chrétiens. Si nous pensons que la transmission de la foi est l’affaire de spécialistes, alors la pastorale des jeunes devient une prestation d’événements…Mais qu’on le veuille ou non, la foi chrétienne des jeunes, et surtout des adolescents en construction identitaire, repose sur celle des adultes.

Certes, dans la paroisse St Jean du Bocage, et plus largement sur le pôle de Vire, nous faisons appel autant que possible à ce que propose la pastorale des jeunes du diocèse : pèlerinages, rassemblements festifs, approche vocationnelle… Mais tout repose à la base sur des adultes de la paroisse qui, de façon prolongée ou ponctuelle, ont choisi de se mettre au service de la foi des jeunes, ou plus exactement, de permettre au Christ de rencontrer les jeunes du Bocage ! Ces chrétiens ne sont pas des spécialistes ou des « mieux convaincus » : ils sont pères et mères de famille, dans des activités professionnelles diverses, retraités, professeurs de collège et lycée… Quant au prêtre, il se doit de s’assurer que chacun d’entre eux se nourrisse de sa mission car cette mission rapporte un gain, dans les joies comme dans les difficultés : une relation plus vraie, plus franche, plus libre et plus décomplexée avec Dieu, le monde, et les jeunes eux-mêmes !

Que ce soit dans les différents groupes d’aumônerie de la paroisse, du collège St Jean-Eudes, dans la préparation à la confirmation, rien n’est possible sans nous, les adultes, car nous sommes établis par Dieu pour transmettre la réalité de sa présence auprès de la génération suivante. Dieu ne reprendra pas la place qu’il nous a donnée, car c’est la meilleure. Ceux qui ont accepté de l’occuper peuvent déjà entendre Dieu leur dire:

Bon Serviteur, tu as été fidèle en peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton Seigneur, (Mt 25,23)

Père François Lecrux, vicaire de la paroisse Saint-Jean du Bocage