Message de Noël 2019 de la Mission ouvrière

L’inouï de Noël

Aujourd’hui, nous connaissons de nombreuses personnes fragilisées par la souffrance physique ou morale due à la maladie, à l’amour trahi, au chômage, à la misère, à l’exil… L’actualité nous montre des actes de violence, des replis sur soi, des reculs sur l’avenir de la planète, des risques pour les libertés et la démocratie dans différents pays. De nombreuses inquiétudes voire des angoisses paralysent le monde. « Chacune de nos vies est une vie sur un fil ».

Ce qu’il y a d’inouï, c’est qu’à l’heure de la détresse, de la solitude, quelque chose nous attire à la lumière. C’est Noël ! « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière : et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi. Tu as prodigué la joie, tu as fait grandir l’allégresse ». (Isaïe 9,1-2)

Noël, serait-ce alors une renaissance au cœur de nos impasses, de nos doutes, une provocation dans un monde qui désespère ? Noël fait voler en éclat nos murs et nos impuissances ! Dieu fait naître l’espérance au cœur des Hommes !

Folie de l’Amour, force de la vie au cœur de nos faiblesses, Dieu a pris le risque de s’incarner parmi nous dans l’innocence d’un nouveau-né. À la recherche du sens de nos vies, nous aurions espéré un guide qui nous donnerait la recette du bonheur, et nous voici avec cet enfant tout simple, renvoyés à nos propres fragilités. Par lui, Dieu nous donne la force de l’amour et nous invite à développer les germes de tous nos possibles.

Et si Noël était déjà là lorsque des enfants élus aux Conseils municipaux des enfants proposent de nettoyer la cité avec des adultes pour qu’elle soit plus belle ; lorsque, en club, ils décident d’inviter des copains pour jouer et être « plus forts ensemble ».

Et si Noël était déjà là lorsque des jeunes s’engagent sur ce qui leur tient à cœur comme l’accueil des migrants, les luttes pour le logement, la sauvegarde de la planète ; lorsqu’ils risquent de nouvelles formes d’engagements, se détournent de la consommation et bousculent le rapport au travail, au service de valeurs de justice, de solidarité, de qualité de vie ; lorsqu’ils se retrouvent à plusieurs pour relire toutes ces richesses.

Et si Noël était déjà là lorsque des relations fraternelles et des actions solidaires avec les collègues permettent de tenir, de résister à la pression au travail ; lorsque des syndicats, associations, agissent pour le maintien de l’emploi et un travail digne.

Et si Noël était déjà là lorsque la personne assurant l’entretien des immeubles le matin de bonne heure prend le temps de s’arrêter pour discuter avec les résidents ; lorsque sur le quartier, un petit déjeuner, un atelier d’écriture, un groupe de tricoteuses, rassemblent des voisins de différentes nationalités, heureux de se retrouver.

Et si Noël était déjà là lorsque des personnes déracinées sont accueillies par des citoyens, citoyennes qui les accompagnent, lorsqu’elles prennent place à nos tables, dans nos équipes et dans nos communautés ; lorsque des migrants, à leur tour, d’accueillis deviennent accueillants pour d’autres.

Oui, Noël est déjà là dans tous ces dialogues, échanges, actions, initiatives nouvelles, individuelles et collectives pour plus de justice, plus d’humanité au cœur de ce qui fait nos vies.

C’est tout petit, invisible aux yeux de certains… visible pour Dieu… Noël est vraiment une autre logique, un autre ordre. Noël bouscule nos habitudes !

Voilà qu’à Noël, Dieu vient partager nos vies fragiles. Il vient nous redire qu’Il compte sur nous pour inventer avec Lui, sur nos chemins difficiles, le Royaume de l’Amour.

Oui, Noël, c’est l’heure où Dieu se mêle à l’humanité.

C’est l’heure de l’espérance.

C’est l’heure où Dieu vient au monde pour dire à tous : « Venez avec moi dans la lumière ! »

Folie de l’Amour !

Inouï de Noël !

Message de la Mission ouvrière

 

 

Dieu vient sans armes… sinon celle de la défense des petits.

Il vient sans projet… sinon celui des Béatitudes.

Il vient sans pouvoir… sinon celui du pardon.

Il vient sans a priori… sinon celui que l’on qualifie de « favorable ».

Il vient sans armée… sinon celle qui chante « Gloire à Dieu et Paix aux hommes ! »

Il vient sans prévenir… sinon des bergers, ces exclus de l’époque.

Il vient sans force… sinon celle de l ’Amour.

Gérard Naslin

Prêtre à Nantes

‘L’inouï de Noël’ 2019

 

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