Aux sources de la fraternité chrétienne – 3 soirées pour approfondir la question

Du au

Cours en trois soirées sur la fraternité, une façon de vivre le carême cette année.

Cours à deux voix par le P. Philippe Léonard (bibliste) et  le P. Maurice Morand (théologien)

4, 11 et 18 mars de 20h30 à 22h, salle C du CET

Alors que nos diocèses se lancent dans la création de fraternités locales missionnaires, il s’agira de réfléchir aux fondements bibliques et théologiques de la fraternité

 

Bulletin d’inscription ici

  • En guise d’introduction, merci de trouver ci-dessous un texte du P Morand :
  • Actualité d’une réflexion sur la fraternité chrétienne

Ces dernières années, nos diocèses se sont beaucoup mobilisés dans le projet de la « nouvelle évangélisation », puis pour répandre la « joie de l’Évangile » et ensuite pour appeler les chrétiens à devenir « disciples-missionnaires ». La mise en place de Pôles Missionnaires a conduit les responsables des diocèses normands à insister sur le développement de la « fraternité » dans les communautés d’Église.

C’est la raison pour laquelle, à présent, le CET cherche à apporter sa contribution propre en invitant à une réflexion sur les sources bibliques et les expressions théologiques de la fraternité chrétienne. Cette réflexion ne prétend pas fournir une liste de bonnes réponses qui viendraient à point nommé apporter des solutions miracles là où l’engagement de chacun, de chacune, est requis. Son ambition est plus modeste : permettre de nourrir un débat dont nous avons tous besoin, vérifier que nos intuitions s’appuient bien sur une foi instruite et réaliste, attentive aux requêtes légitimes des hommes de notre temps.

  • Le christianisme n’a pas le monopole de la fraternité

Qu’est-ce qui fait l’originalité propre de la fraternité chrétienne ? Personne ne contestera que l’idée de fraternité soit une idée très utile pour la société profane comme pour l’Église. Il est moins sûr que parmi les chrétiens, l’on soit massivement d’accord sur les moyens à prendre pour insuffler dans la froideur et l’anonymat de nos rapports humains un souffle de fraternité chrétienne. Il serait terrible aussi que l’idéal de la fraternité comme tout idéal faisant appel à la liberté des hommes se trouve perverti par les tentations du cléricalisme dénoncées par notre pape François.

Tout d’abord, ne l’oublions pas, la fraternité comme telle, n’est pas une invention du christianisme. C’est une expérience que l’on peut faire en toute famille humaine où des parents ont donné la vie à plusieurs enfants et les ont aidés à grandir comme frères et sœurs. Les parents sont pour leurs enfants à l’origine de liens à la fois biologiques, psychologiques, moraux et sociaux. Etre frères et sœurs, c’est appartenir à une famille exerçant nécessairement une influence dans la société. Pour ce faire, nul besoin pour eux d’être croyants ni de se réclamer de la charité chrétienne.

Par extension, il est permis de parler de fraternité lorsque l’on a la possibilité de vivre une expérience de grande solidarité affective semblable à celle qui peut s’établir entre des frères ou des sœurs biologiques. On comprendra alors la fraternité dans un sens métaphorique. Il sera permis par exemple, de parler de fraternité d’armes, de fraternité révolutionnaire ou républicaine… On notera dans ce cas qu’il n’est pas indispensable de se reconnaître issus de mêmes parents pour se dire frères et sœurs. L’idée de partager une même origine passera parfois au second plan.

Enfin, à l’époque moderne, l’apparition d’une conscience de plus en plus planétaire a permis de se référer à l’idée d’une fraternité toujours plus large : l’idée d’une fraternité humaine universelle devrait pouvoir concerner tous les êtres humains partageant le même destin terrestre, le même patrimoine génétique, les mêmes droits et les mêmes devoirs par-delà les différences religieuses, culturelles, sociales et politiques.

  • Le bien-fondé d’une réflexion sur la fraternité chrétienne.

Si l’on est chrétien, on ne peut manquer de se préoccuper du sens profond de la fraternité liée à la vie en Église.  De nos jours, c’est vrai, il est trop souvent possible d’en douter : dans la culture européenne où l’influence de la foi chrétienne est de moins en moins perçue, les comportements « fraternels » sont peut-être moins visibles dans les pratiques religieuses des Églises chrétiennes. Nous avons toujours sous les yeux le scandale de la division des chrétiens. Il y a aussi dans les paroisses auxquelles nous appartenons, comme dans nos institutions et mouvements d’Église, des déchirures, des conflits, des exclusions qui ne sont pas moins scandaleux. Enfin, il y a une tendance à l’indifférence qui fera peut-être, que l’on ne saluera pas dans la rue la personne avec qui l’on vient de communier à la messe. Aussi, l’ignorance de l’esprit de fraternité -lequel devrait unir les chrétiens entre eux- risque inévitablement de peser sur la vie paroissiale et sur la vie en Pôle Missionnaire.

Pour la foi chrétienne, la fraternité n’est pas le troisième pilier d’une devise, une « troisième marche » d’un escalier (Régis Debray), comme si elle avait à venir après la liberté et l’égalité. Elle doit faire corps avec la foi en Jésus-Christ, avec la possession ordinaire et sereine, si l’on peut risquer cette formule, du Royaume de Dieu, objet de l’annonce évangélique. S’il en est bien ainsi…, avec la fraternité chrétienne, il y va assurément du sort de notre relation au Christ et à Celui qui nous l’a envoyé. La foi en Jésus-Christ exigerait-elle alors de faire l’expérience de la fraternité ? Et dans ce cas, quelle fraternité ?

Certes, la fraternité ne se décrète pas ; elle ne s’enseigne pas dans la mesure où elle ne relève pas d’un savoir précis ou d’une doctrine ; elle ne fait pas l’objet de définitions dogmatiques, de réglementations, de lois ou de codes moraux ou juridiques. Il ne peut pas exister de cours de fraternité. Comme la foi, la fraternité se transmet par appel, par le témoignage et par l’exemple que l’on donne en étant croyant et frère, croyante et sœur. Cependant, il est préférable d’y réfléchir à partir des témoignages que la Parole de Dieu et la tradition de l’Église mettent à notre disposition.

  • Un projet pour aller aux sources de la fraternité en Jésus-Christ

Si la fraternité fait vraiment partie de la vie en Église, et de la vie chrétienne, cela doit pouvoir se vérifier d’une part dans la tradition de l’Église, et d’autre part dans les textes fondateurs, dits canoniques, de la Bible. A défaut de pouvoir retraverser vingt siècles d’histoire chrétienne, il peut malgré tout, être déjà très instructif de se tourner vers le Nouveau Testament en tant qu’il est un bon témoin des origines de l’Évangile.

Philippe Léonard et moi-même, nous chercherons ensemble, au cours d’une série de trois rencontres, les traces d’une expérience de fraternité vécue aux origines du christianisme, comment les textes du Nouveau Testament en ont gardé le témoignage, en quels termes la fraternité a été reconnue, mieux, recommandée par leurs auteurs : que dit le Nouveau Testament des relations entre chrétiens ? Comment Paul par exemple en discutait-il avec les chrétiens qui habitaient à Rome ? Jésus lui-même avait-il parlé de la fraternité et l’avait-il pratiquée ? Est-ce que la fraternité chrétienne avait pour les apôtres et leurs communautés un lien avec la foi en Jésus-Christ ?

Conscients des difficultés actuellement rencontrées en Église pour vivre une fraternité réelle, nous remarquerons que sur ce point, l’Église des apôtres a connu, elle aussi, de graves tensions : quand la « fraternité » était en danger dans leurs communautés, comment les responsables de ces communautés réagissaient-ils ?

Désireux donc de comprendre dans la mesure du possible, d’où peut venir le message d’une fraternité en Jésus-Christ, nous bénéficierons ainsi de la complémentarité des démarches exégétiques (P. Léonard) et théologiques (M. Morand), les premières, plus attachées à l’étude scientifique des écrits, les secondes, plus tournées vers la signification de ces écrits pour la foi des origines, pour la foi reçue de la tradition de l’Église et pour notre foi actuelle. L’ampleur des questions soulevées nous interdira inévitablement de pouvoir apporter toutes les réponses souhaitables. Qu’il nous suffise d’apporter la preuve de l’intérêt d’un recours à une approche biblique et théologique de la fraternité pour que celle-ci puisse être évoquée pour ce qu’elle est : la mise en œuvre du testament même de Jésus : « Que tous soient un… pour que le monde croie que tu m’as envoyé» Jn 17,21.

Maurice MORAND

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