Jour après jour

Les vacances commencent ou continuent pour certains, se terminent pour d’autres. Le quotidien revient avec cette impression parfois de répétitif et de banalité. Nous avons du mal à donner sens à notre quotidien. Notre société donne sens aux temps forts, aux vacances, à l’exceptionnel mais peu au quotidien et à l’ordinaire. Il va falloir reprendre le travail mais pour beaucoup le travail n’a guère de finalité. On travaille pour gagner de l’argent. Or ce qui est important c’est de donner sens à ce que nous faisons. Ramasser une aiguille par amour peut contribuer au salut du monde, disait la petite Thérèse. Quel sens pouvons-nous donner au fait de ramasser une aiguille diraient la plupart des gens ? Et pourtant je peux donner du sens au fait de ramasser une aiguille : un enfant peut se blesser ou cette aiguille peut me servir à recoudre un vêtement. Banalité des tâches quotidiennes, allez-vous dire !

 

Nous ne sommes pas des robots

Vous connaissez sans doute ce conte indien : des hommes travaillent dans une carrière de pierres et un sage hindou passe au milieu d’eux. Il demande à un premier homme au visage pâle et triste: « Que fais tu ? ». « Tu le vois bien, répond sèchement celui-ci : je casse des pierres ! » Puis le sage s’aventure un peu plus loin et pose la même question à un homme au visage paisible. Ce dernier répond : « Je casse des pierres pour construire une maison ». Puis au fond de la carrière il rencontre un homme au visage rayonnant et lui pose la même question. Ce dernier lui répond : « Je casse des pierres pour construire un temple pour mon dieu ! » Tous cassent des pierres mais donnent des sens différents à leur travail. Et nous, qu’allons-nous répondre ? L’être humain ne peut s’humaniser qu’en donnant du sens à ce qu’il fait sinon il devient un robot.

 

Ce que Dieu fait de notre quotidien

Et nous chrétiens, quel sens donnons-nous à ce quotidien à la lumière de l’Evangile ? Je laisse le Père Nicolas Barré, qui a été béatifié par le Pape Jean Paul II et fondateur de communautés religieuses en Normandie, vous raconter :

« Une pauvre femme qui n’avait même pas un morceau de pain à se mettre sous la dent se fait embaucher pour tirer de l’eau. On lui promet un beau salaire pour chaque tonneau qu’elle va remplir. Elle s’active, mais ses efforts sont vains. Elle découvre la cause : la bonde est enlevée. Elle s’empresse de la remettre et reprend son travail avec plus d’ardeur. Mais le maître revient et demande d’enlever la bonde, et de poursuivre la tâche. Après quelque temps, le découragement prend le dessus : tant d’efforts inutiles, tant de fatigue pour rien. ‘Je n’ai plus guère de courage pour continuer’, dit-elle à celui qui lui a confié ce travail. ‘Je te l’ai demandé ; peux-tu te contenter de savoir que cela me fait plaisir ?’. Elle reprend sa tâche et finit même par la faire avec joie, heureuse de pouvoir procurer du bonheur à celui qui la lui a demandée. Vient le moment de la paye. ‘Je n’ai rien mérité, dit-elle, au contraire, j’ai bien perdu du temps et murmuré’. Mais le maître lui découvre alors un immense réservoir qui, grâce à  la peine qu’elle s’est donnée, est maintenant rempli d’une eau limpide. Et, pour la récompenser d’avoir poursuivi, uniquement par amour, une œuvre dont elle ne pouvait percevoir le résultat, il la paye doublement et la fait riche pour toujours. Imaginez alors sa joie ! »

Voilà ce que Dieu fait de notre quotidien. C’est tout le sens de Nazareth au point que Dieu a choisi de devenir homme au milieu des hommes et de porter ce beau nom de Jésus de Nazareth.

 

U Jean-Claude BOULANGER

Évêque de Bayeux et Lisieux

 

Editos

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