Former des prêtres pour la mission, hier et aujourd’hui

Depuis 2015, les futurs prêtres de notre diocèse sont formés au séminaire saint Yves à Rennes. Deux jours de portes ouvertes auront lieu les 7 et 8 mars. Comment se passe la formation d’un séminariste ?

Le séminaire de Rennes a été fondé au cœur de la mission que Jean Eudes fit à Rennes, du 1er décembre 1669 au 13 avril 1670. Jean Eudes n’en était pas à sa première : il a mené plus de 90 missions en Normandie et en Bretagne. Cette année-là, avec d’autres prêtres, Jean Eudes parcourut tout Rennes, prêchant et confessant du matin au soir, pendant plus de 4 mois. Comme à Caen, où il a baptisé « La mission » le séminaire qu’il a fondé, il voulut prolonger les effets de la mission de Rennes, en fondant un séminaire diocésain. Ainsi pourraient être préparés des prêtres qui seraient des missionnaires et participeraient à la réforme de l’Église voulue par le Concile de Trente (1542-1563) que l’on mettait alors en application, dans un monde moderne en train de naître. C’est ainsi que fut fondé le séminaire de Rennes, le 8 mars 1670.

Trois étapes

En 2020, ce séminaire (qui s’est ensuite mis sous le patronage de saint Yves) prépare des prêtres diocésains pour les diocèses de Bretagne et de Basse Normandie (et désormais aussi pour le diocèse aux Armées) : des pasteurs-missionnaires dans une Église qui continue à mettre en œuvre le renouveau inauguré par le concile Vatican II, pour annoncer la Bonne Nouvelle au monde contemporain.

Les étapes de la formation sont régies par un document romain de 2016, qui aura bientôt son texte d’application pour les diocèses de France. Après une année « propédeutique » de fondation spirituelle à la Maison Charles de Foucauld (à saint Pern, près de la maison mère des Petites Sœurs des Pauvres), les séminaristes commencent une deuxième étape, de deux ans, axée sur la « formation du disciple » du Christ : la vie communautaire, la prière liturgique et personnelle, les cours (de philosophie, d’introductions à la Bible et à la théologie), la découverte de la vie en paroisse et un accompagnement spirituel individuel leur permettent d’affermir le discernement de leur appel. Après cette étape, le séminariste peut être envoyé pour une année sur le terrain, en France ou à l’étranger. Il demande à être officiellement admis comme candidat au ministère presbytéral pour son diocèse. Commence alors la troisième étape, de « configuration au Christ », de trois ans : les études théologiques, l’engagement dans un service paroissial, la vie spirituelle et l’accompagnement individuel conduisent le séminariste vers l’ordination diaconale. Une dernière étape de « synthèse vocationnelle » se déroule pendant un an, avec trois semaines en paroisse et une semaine au séminaire. Le diacre peut ainsi marcher vers l’ordination presbytérale, guidé par un curé formateur et une équipe d’accompagnement.

Une image vive de Jésus-Christ

Tout au long de ces six années, une formation humaine approfondie (sur le développement psychologique, la maturité affective, l’équilibre de vie, les relations humaines, etc.) est donnée par des sessions et des rencontres régulières avec des spécialistes laïcs. Des retraites communautaires et des journées périodiques de désert permettent aux séminaristes d’approfondir leur relation personnelle avec le Christ. La vie communautaire, les services, le sport et des temps forts (pèlerinages, sorties culturelles, etc.) favorisent une vraie charité fraternelle, soutien et stimulant pour chacun.

Saint Jean Eudes voulait que le prêtre soit : « une image vive de Jésus-Christ en ce monde, et de Jésus-Christ veillant, priant, prêchant, catéchisant, travaillant, suant, pleurant, allant de ville en ville et de village en village, souffrant, agonisant, mourant et se sacrifiant soi-même pour le salut de toutes les âmes créées à son image et semblance. » Au séminaire de Rennes, depuis 350 ans, formateurs et séminaristes ne cherchent au fond que cette chose essentielle : rencontrer le Christ Jésus, se mettre à sa suite jour après jour, pour l’annoncer en paroles mais surtout en actes et par le rayonnement de l’amour de charité.

P. Pierre de Cointet

Supérieur du séminaire Saint-Yves, Rennes

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