La situation des migrants nous interpelle
Juste quelques jours après Noël où nous avons lu : « Marie mit au monde son enfant, le coucha dans une mangeoire parce qu’il n’y avait de place dans la chambre d’hôtes. » Luc 2, 6-7
En plein contexte de Covid-19, de confinement, de couvre-feu, de vaccinations, les migrants se rappellent à nos propres angoisses et nous alertent à un autre essentiel.
On connaissait ces lieux de cauchemar : Lampedusa, Lesbos, la vallée de la Roya, Calais où ils sont concentrés. Plus près de nos côtes normandes, c’est Ouistreham, Cherbourg et aujourd’hui Port en Bessin.
Dans ce port de pêche du Calvados où les conséquences du Brexit inquiètent les marins-pêcheurs, dans la nuit du 29 au 30 décembre, une petite embarcation a chaviré vers deux heures du matin avec à son bord 12 migrants irakiens, deux mineurs dont un bébé de 2 mois, 3 femmes, 9 hommes âgés entre 30 et 40 ans, sans doute plus jeunes encore si la fatigue ne marquait pas leur visage.
Ils ont frôlé la mort ; s’ils avaient franchi les portes ( du port) en pleine mer avec un vent de Nord, c’était la mort assurée. En temps normal, ce genre de bateau n’embarque que 3 à 4 personnes.
Port en Bessin est le point le plus éloigné des côtes anglaises, il faut 20 h pour traverser soit 140 mile marins. Les migrants ont cru les passeurs : une heure de bateau et de réserve de carburant et le rêve anglais. Cela s’appelle un homicide froidement programmé.
La mobilisation des Affaires Maritimes et des élus portais a été entière. Cross, Mairie, SNSM gendarmes, pompiers et commerçants, chacun dans son rôle de sauvetage et de mise à l’abri : couvertures et nourritures et surtout mains tendues qui tirent hors de l’eau mortelle.
Devant le drame de la migration, les analyses, arguments, opinions politiques ne manquent pas, que l’on soit croyant ou non.
D’ou venaient-ils ? Qui les a amenés à Port en Bessin ? Que sont -ils devenus ? A Caen, il y a ni communauté, ni familles irakiennes connues, seulement quelques jeunes isolés qui ont pu transiter par le réseau Welcome, demandeurs d’asile que certains ont obtenu.
Dans la journée du 30 Décembre, les rescapés ont été hébergés provisoirement au Centre de Tailleville où sont déjà de jeunes migrants soudanais de Ouistreham, passagers clandestins d’une législation rigoureuse, remis en centres de rétention aux premiers contrôles.
Que dira l’enquête sur les passeurs ?
Les migrants sont là.
Parmi eux, certains viennent de l’enfer, prêts à tous les risques pour ne pas revenir en arrière.
« Ils sont parole urgente d’oser penser à neuf un monde où nous vivrons les uns avec les autres »écrit Benoit de Sinety dans la préface du livre « Un temps pour changer » Pape François. Ed. Flammarion.
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