Dieu, se cache-t-il… ?

Les évènements que nous traversons à travers la crise sanitaire, humaine et spirituelle me font dire que Dieu se cache au milieu de ce présent devenu incertain. Et simultanément, le Seigneur se donne à voir dans nos recueillements et temps de prière, du moins il est reconnaissable par notre disponibilité à construire la rencontre et le dialogue, à tisser des gestes de solidarité et de fraternité. Dans notre quotidien, le Dieu révélé est aussi un Dieu caché : tantôt mystère, tantôt évidence.

Comment apercevoir quelque chose de la présence de Dieu derrière le voile de ce quotidien devenu presque incertain et opaque ? Nous pouvons être légitiment interrogés dans notre foi et nos engagements aujourd’hui. Même si les Pères de l’Eglise appellent Dieu « l’Ineffable, l’Inconnaissable, l’Innommable », il nous est possible cependant de percer le secret de sa présence dans notre désir profond de le chercher, et de le contempler au-delà de toute obscurité. Notre parole humaine balbutie la présence invisible de Dieu en s’évoquant dans la poésie, le chant, la musique, la prière ou la beauté d’une célébration eucharistique qui loue le mystère de l’Amour livré en Jésus Christ. Le Seigneur est au milieu de nous, au cœur de nos églises, réellement présent dans les sacrements vécus et en même temps caché.

Dieu se cache mais il demeure aussi un être de surprise. N’oublions pas que le « Dieu imprévisible » se révèle là où on ne l’attend pas. Incognito pendant environ 30 ans, Dieu va se dévoiler dans la vie et l’œuvre de Jésus Christ, de sa naissance à sa résurrection. La surprise et l’étonnement sont souvent accolés à la figure de Jésus, vrai homme et vrai Dieu. Par l’homme banal que Jésus semble être de prime abord s’est découvert le « Verbe de Dieu », le Fils bien aimé de Dieu. Dieu se cache aussi dans les lieux aussi improbables que la contemplation de tel paysage, ou la création de certaines œuvres culturelles. N’avez- vous pas alors ressenti une amplitude incroyable, un souffle divin ou un parfum d’éternité qui se dégage du commun pour toucher le cœur, l’âme,
« l’Universel » ? Dieu ne peut-il pas alors sortir furtivement de sa cachette à travers sa création, une œuvre littéraire, un film, une mélodie porteuse de sens et de vérité ? Et si la question était plutôt de savoir si nous sommes vraiment ouverts à voir Dieu lorsqu’il sort librement de son silence pour poser des signes au cœur de notre quotidien ?

De cette partie de cache-cache dans notre vie ordinaire, Dieu se laisse trouvé par ceux qui le cherchent sincèrement avec amour. Et notre fidélité dans notre engagement à la suite du Christ Jésus laisse furtivement apparaître un rayon de sa grâce.

Père Claude HARDY