Travailler à la mémoire du diocèse

Depuis deux ans, le père Pascal Marie, avec deux laïcs bénévoles, s’attache à redonner un visage aux prêtres du diocèse de Bayeux et Lisieux depuis le début du XIXe siècle, avec, lorsque cela est possible, leur photo. Un travail de mémoire indispensable.

 

Église de Bayeux et Lisieux : Comment est né ce projet ?
P.
Pascal Marie : C’est à la fois une passion personnelle pour l’Histoire de notre diocèse, mais aussi une rencontre. M. et Mme Hermel sont de la famille de Mgr Lemonnier, ancien évêque du diocèse de 1906 à 1927. Ils ont beaucoup travaillé sur l’histoire de leur oncle et, de fil en aiguille, notamment à travers la numérisation de près d’un siècle d’exemplaires de la Vie religieuse de notre diocèse, nous travaillons avec Christian Bouillie qui a recensé tous les prêtres et Frédéric Lebastard qui est l’archiviste diocésain et Françoise Khédine qui occupait ce poste précédemment. C’est la mémoire de notre diocèse et peu en France ont entamé ce travail que nous réalisons.

E. B. L. : Comment menez-vous votre travail ?
P. P. M. : Nous travaillons à partir de fonds iconographiques divers : photos mortuaires sur lesquelles figurent le nom et le prénom du prêtre, photos des archives diocésaines (qui comportent parfois l’identification des prêtres), photos issues de particuliers (familles de prêtres) ou bien de communautés religieuses, voire d’achats dans des ventes diverses. Nous avons des listes de milliers de noms et les photos les plus anciennes datent d’il y a 150 ans environ. Pour chaque prêtre dont nous avons une photo, nous ouvrons un dossier. Aujourd’hui, nous avons plus de 1 500 prêtres dont nous avons au moins une photo. Nous pouvons aussi trouver des photos dans des revues anciennes. Nous nous appuyons aussi sur d’anciens annuaires diocésains.

E. B. L. : Pourquoi ces photos sont-elles importantes ?
P. P. M. : D’abord, elles nous permettent d’identifier les prêtres. Ensuite, elles peuvent aussi faire référence à des événements ecclésiaux importants. Enfin, nous avons eu la chance d’avoir dans notre diocèse plusieurs prêtres photographes et éditeurs de cartes postales comme le chanoine Dubosq. Les cartes postales nous permettent aussi de documenter la vie de l’époque. C’était le meilleur moyen de faire de la publicité et de manifester la présence de l’Église dans les villes et les villages. Ces hommes qui ont fait des choses dans le diocèse ne sont pas que des noms mais aussi des visages. Par exemple, j’ai acheté récemment une photo sur laquelle on voit un prêtre au milieu de communiants. Or ce prêtre, c’est l’Abbé Bousso qui a été fusillé le 6 juin 1944 à la prison de Caen pour faits de résistance.

E. B. L. : Comment peut-on vous aider ?
P. P. M. : Nous sommes toujours à la recherche de documents iconographiques que pourraient nous donner des familles de prêtres, que ce soient des photos anciennes ou plus récentes. Nous pouvons aussi scanner les photos si la famille veut garder les originaux. C’est un travail qui fait intervenir des sources très diversifiées. Notre but est de rendre l’ensemble cohérent et vérifié.

Propos recueillis par
Alexandre Barbé

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