Communiqué de Mgr Habert

« Choisis donc la vie » (Dt 30,19)

Le lundi 4 mars 2024, le parlement, réuni en congrès à Versailles, a voté à une très large majorité la constitutionnalisation de la liberté d’avorter. Le plus étonnant dans cette journée ne fut pas tant l’ampleur du vote, mais la liesse médiatique qui l’a accompagnée. On avait le sentiment que cette constitutionnalisation devenait la bonne nouvelle à saluer sans réserve.
Quelle parole tenir après un tel unanimisme ? Toute intervention de l’Église sur le sujet est immanquablement disqualifiée comme rétrograde ou répressive. Ce n’est pas une condamnation qui doit monter de nos cœurs mais une grande tristesse et aussi un étonnement. Comment comprendre que ce qui demeure une joie inouïe : le surgissement de la vie humaine, la naissance d’un enfant, soit ici oublié et remplacé par la revendication d’un droit.
Dans une affaire très médiatisée, l’accident causé par un humoriste connu, beaucoup de commentaires avaient souligné la souffrance de cette femme qui avait perdu l’enfant qu’elle portait. Cette femme en effet ne subissait pas une grossesse, mais elle attendait un enfant !
Il ne s’agit pas ici de brandir un discours de culpabilisation.
– On sait combien à travers le monde la condition des femmes est le lieu de profondes injustices.
– On sait, et cela a été heureusement redit, combien les situations d’oppression dont les femmes sont les premières victimes, sont l’occasion de souffrances terribles.
– La perspective de donner la vie peut être source d’angoisse légitime, dans des conditions d’accueil inhumaines. Peut-être que nous-mêmes en Église nous n’avons pas mis toutes nos forces pour soutenir les personnes en détresse, quel que soit leur choix. Notre mission est d’éclairer les consciences à exercer leur liberté individuelle fondamentale.
Face à ces drames, nul ne peut rester indifférent. La solution de l’avortement ne fait souvent qu’ajouter de la souffrance à la souffrance.
– Il aurait été beau que la constitutionnalisation du droit à la vie de sa conception jusqu’à son terme soit reconnue.
– Il aurait été beau que la protection des femmes, l’accompagnement des futures mères, la responsabilisation des hommes, soient des sujets abordés et considérés avec attention.
À cette occasion, le Vatican a déploré le droit à supprimer une vie humaine. Les évêques de France ont rappelé que l’avortement, qui demeure une atteinte à la vie en son commencement, ne pouvait être vu sous le seul angle du droit des femmes.
Le Pape François avait eu en 2013 des paroles fortes : cette défense de la vie à naître est intimement liée à la défense de tous les droits humains. Elle suppose la conviction qu’un être humain est toujours sacré (…) Si cette conviction disparaît, il ne reste plus de fondements solides et permanents pour la défense des droits humains, qui seraient toujours sujets aux convenances contingentes des puissants du moment. (La joie de l’Évangile, § 213).
Que devons-nous faire ? La prière, l’engagement effectif auprès des plus fragiles et le soutien aux associations présentes sur le terrain demeurent de bons moyens d’action.
En tout début du carême, nous avons entendu, le jeudi après le mercredi des cendres, la parole de Dieu : Choisis donc la vie. Il ne s’agit pas d’un slogan, ni d’une idéologie, mais d’une responsabilité qui nous est confiée. Demandons la grâce d’en être humblement des serviteurs.

Le 8 mars 2024

+ Jacques HABERT
Évêque de Bayeux et Lisieux

2024 03 08 Communiqué de Mgr Habert – Choisis donc la Vie

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