« C’est la confiance »

 

Alors que beaucoup attendaient la Lettre apostolique du Pape François sur sainte Thérèse de l’Enfant Jésus pour le 1er octobre, date de sa fête liturgique, le Pape a choisi de la publier le 15 octobre, date de la fête liturgique de Thérèse de Jésus (Thérèse d’Avila). Il veut que « ce message […] soit compris comme faisant partie du trésor spirituel de l’Église. La date de cette publication, mémoire de sainte Thérèse d’Avila, a pour but de présenter sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face comme un fruit mûr de la réforme du Carmel et de la spiritualité de la grande Sainte espagnole. » (n°5).

Le Pape appelle ensuite Thérèse « Docteur de la synthèse ». Il écrit : « l’apport spécifique que nous offre Thérèse comme Sainte et comme Docteur de l’Église n’est pas analytique, comme pourrait l’être par exemple celui de saint Thomas d’Aquin. Son apport est plutôt synthétique, car son génie est de nous conduire au centre, à l’essentiel, au plus indispensable. » (n°49). Il résume un peu plus haut cet essentiel en quelques phrases courtes et percutantes : « Elle entendait l’appel de Dieu à mettre le feu au cœur de l’Église plus qu’elle ne rêvait de son propre bonheur. » (n°42). « De cette façon, elle arrivait à sa dernière synthèse personnelle de l’Évangile, qui partait de la pleine confiance pour atteindre son point culminant dans le don total aux autres. » (n°44).

François et la spiritualité de Thérèse

« C’est la confiance ». De ce point de départ, en trois chapitres, le Pape développe toute la spiritualité de Thérèse.

Le premier chapitre — « Jésus pour les autres » — est comme un commentaire de cette célèbre expression de Thérèse : « Aimer Jésus et le faire aimer ». Dans l’amour que Thérèse a pour Jésus, dans son attirance vers lui, il est pour elle comme évident que ceux qu’elle aime sont entraînés. C’est ainsi que le Pape commente : « Comme il arrive dans toute rencontre authentique avec le Christ, son expérience de foi l’appelait à la mission. » (n°9).

Le second chapitre porte sur « La petite voie de la confiance et de l’amour ». Thérèse « souligne la primauté de l’action divine et invite à la pleine confiance en regardant l’amour du Christ qui nous est donné jusqu’au bout. […] Il n’est donc pas possible de nous appuyer sur nos efforts ou sur ce que nous faisons. » (n°19). « L’attitude la plus appropriée est donc de mettre la confiance du cœur hors de soi-même, en la miséricorde infinie d’un Dieu qui aime sans limites et qui a tout donné sur la Croix de Jésus-Christ. » (n°20). « Dans la foi, elle vit intensément une confiance illimitée en la miséricorde infinie de Dieu : “Une confiance qui doit nous conduire à l’amour” » (n°27). Cette confiance en un Dieu qui compatit aux faiblesses de l’homme n’encourage pas à la facilité. « Quelle douce joie de penser que le Bon Dieu est Juste, c’est-à-dire qu’Il tient compte de nos faiblesses, qu’Il connaît parfaitement la fragilité de notre nature. De quoi donc aurais-je peur ? » « Il me semble que si toutes les créatures avaient les mêmes grâces que moi, le Bon Dieu ne serait craint de personne, mais aimé jusqu’à la folie, et que par amour, et non pas en tremblant, jamais aucune âme ne consentirait à Lui faire de la peine… » (Manuscrit A 83v°)

Le troisième chapitre — « Je serai l’amour » — reprend le récit que Thérèse fait de sa vocation dans le manuscrit B. La découverte de Thérèse est que l’Église a un Cœur et que ce Cœur est brûlant d’amour. « Une telle découverte du cœur de l’Église est aussi une grande lumière pour nous aujourd’hui » écrit le Pape (n°41). « C’est le cœur dont le feu se ravive encore par chacun de nos actes de charité. “Je serai l’amour” : voilà le choix radical de Thérèse, sa synthèse définitive, son identité spirituelle la plus personnelle. »… et la nôtre, ajouterais-je volontiers ! Le Pape poursuit alors en un quatrième chapitre sur les conséquences actuelles de la « petite voie » de Thérèse.

Le début de la Lettre exprime d’emblée tout le propos du Pape :

« “C’est la confiance et rien que la confiance qui doit nous conduire à l’Amour”. Ces paroles très fortes de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face disent tout. Elles résument le génie de sa spiritualité et suffiraient à justifier qu’on l’ait déclarée Docteur de l’Église. Seule la confiance, et “rien d’autre”, il n’y a pas d’autre chemin pour nous conduire à l’Amour qui donne tout. Par la confiance, la source de la grâce déborde dans nos vies, l’Évangile se fait chair en nous et nous transforme en canaux de miséricorde pour nos frères. »

Père Emmanuel Schwab
Recteur du Sanctuaire de Lisieux

 

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