Vivre des passages

Pendant ce temps de Carême, nous sommes invités à vivre des passages. Dans l’Évangile, lorsque Saint Luc parle du chemin de Jérusalem après la deuxième annonce de la Passion, il écrit : « Jésus prit avec courage la route de Jérusalem » (Luc 9,51). Accompagner le Christ pendant 40 jours dans sa longue montée vers Jérusalem demande du courage. Pour vivre ce temps de Carême dans ses trois dimensions : le jeûne – la prière – le partage, cela suppose de recevoir du Seigneur la grâce du courage.

  • D’abord le courage de quitter nos sécurités, qu’elles soient matérielles, affectives, spirituelles. La liberté intérieure est à la fois un don de Dieu et une conquête personnelle. On ne naît pas libre, on le devient. Nous le savons bien. Nous aimons chanter pendant ce temps de Carême : « Seigneur nous irons au désert pour guérir, poussés comme toi par l’Esprit. Et tu ôteras de nos cœurs le péché, et tu guériras notre mal ». Jeûner, ce n’est pas d’abord faire des sacrifices. Jeûner, c’est mieux aimer et devenir frère à la suite de Jésus. En même temps, le jeûne est la prière du corps. Nous prions le Seigneur avec tout notre corps. Et même toutes nos dépendances, nous les offrons au Seigneur pour lui dire notre amour et pour mieux nous mettre au service de nos frères. Le jeûne est au service de la fraternité. En même temps nous découvrons que nous possédons un smartphone mais c’est souvent le smartphone qui nous possède. Jeûner de réseaux sociaux durant quelques heures dans la journée c’est aussi une forme de jeûne. Face à la violence, la haine, l’agressivité : on peut répondre sur le même ton. Choisir le silence et le sourire est aussi une forme de jeûne.
  • Il faut aussi du courage pour prier. Jésus n’a jamais dit dans l’Évangile : « Quand tu as envie de prier, entre dans ta chambre » mais bien « quand tu veux prier ». La prière est un acte de notre volonté. La qualité de notre prière va bien au-delà du temps de prière. Elle dépend de notre amour pour le Seigneur. Oser lui redire, tout simplement, tout au long de nos journées, que nous l’aimons comme on ose le dire à ceux qui nous sont chers.
  • Enfin, il faut beaucoup de courage pour partager et aller à contre-courant de cette société de consommation qui nous invite sans cesse à profiter de la vie. Notre rapport à l’argent, à la consommation n’est pas innocent. Alors que nous allons méditer sur l’Eucharistie au cours du Carême, il faut nous rappeler qu’il s’agit sans cesse de vivre de l’Eucharistie, de passer de l’Eucharistie célébrée à une vie Eucharistique. Comment le pain peut-il devenir « Eucharistie » si nous-mêmes, nous gâchons ce pain ? Nous sommes en contradiction avec ce que nous célébrons. L’Eucharistie a des conséquences concrètes sur notre engagement au service des plus pauvres. Comme le rappelait le Pape Benoit XVI : L’Eucharistie est le sacrement de l’Amour dans sa dimension sacramentelle et dans sa dimension fraternelle.

Frères et Sœurs, je vous invite à prendre le chemin de Jérusalem à la suite de Jésus avec courage. Je prie pour vous et avec vous.

Durant quarante ans, le peuple d’Israël a parcouru le désert avant d’entrer dans la terre promise. Il a vécu un temps de purification et de conversion. Il a appris à ne pas vivre de nostalgie et à ne pas regarder en arrière. Il a douté de la présence de son Dieu à ses côtés. Il a reçu la manne pour poursuivre le chemin. Après bien des épreuves, le Seigneur l’a installé dans la terre promise.

Durant quarante jours, Jésus a été tenté au désert. Le tentateur lui a fait miroiter tous les mirages du pouvoir. Appuyé sur les Écritures, Jésus a déjoué tous les pièges du tentateur. Il a appris qu’être Fils du Dieu Très Haut, c’est être Très Bas serviteur.

A l’heure où notre planète s’interroge sur son avenir, faisons de notre Carême un temps de purification et de conversion. Demandons-nous de quoi nous avons besoin pour vivre : simplement d’une sobriété heureuse ! Demandons-nous de quoi nous pouvons nous séparer pour mieux vivre le partage et la solidarité ! Demandons-nous comment nous pouvons agir au niveau des institutions pour engager un changement radical dans l’utilisation des matières premières et éradiquer celles qui sont nuisibles à l’humanité ! Demandons-nous comment nous pouvons toujours mieux accueillir ceux et celles qui ont pris les routes de l’émigration !

Le temps de Carême n’est pas un temps de tristesse. C’est un temps de joyeuses retrouvailles avec Dieu, les autres et nous-mêmes. Nous laissons de côté toute superficialité. Nous nous libérons de toutes les entraves à la vie bonne. Nous vivons de la fraîcheur de l’Esprit Saint.

Dieu nous accompagne sur la route de nos vies. Il est le compagnon de vie qui soutient nos pas.

Editos

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